Seconde hospitalisation de Gabrielle et délire

5 novembre 2013

J’aimerais tout d’abord remercier les nombreuses personnes qui nous ont transmis leur appui pendant ces moments difficiles. En quelques jours, plus de 1500 personnes sont venues lire le texte et plus de 50 commentaires ont été faits en privé, sur Facebook ou directement sur le blogue.

Jeudi dernier, le 31 octobre, j’avais terminé mon récit en vous racontant que nous avions rencontré son ancienne neurologue, qui avait effectué un troisième changement de médication antiépileptique en quelques jours.

Nous avions aussi remarqué que Gabrielle était de plus en plus confuse et que son équilibre était très précaire. Lorsque debout, son corps vacillait et elle devait souvent faire un pas vers l’avant ou l’arrière pour éviter de tomber. Jeudi dernier à la piscine, les intervenantes prévenantes de son camp de jour ont préféré lui enfiler une veste de flottaison pour éviter les problèmes dus à son manque d’équilibre.

Jeudi soir 31 octobre

Gaby et sorcièreLe soir de l’Halloween, Gabrielle aime bien se déguiser et remettre les bonbons aux petits monstres qui quémandent des friandises. Mais comme notre soirée était « à l’eau », je lui ai offert d’aller manger du popcorn et des croquettes de poulet à La Cage aux Sports, un de ses endroits préférés. De retour à la maison, bisous et dodo.

Avant d’aller nous coucher, Anne et moi remarquons qu’elle ne dort pas, et qu’elle a les yeux ouverts. Vers 2 h 30, elle se lève et nous demande de changer sa couche. Après l’avoir remise au lit, elle se relève aussitôt et redemande la même chose, bien qu’elle ait été changée quelques minutes auparavant.

À 3 h du matin, la tempête éclate. Elle entre dans notre chambre et se lance par terre, en hurlant, comme elle l’avait fait la semaine précédente durant son premier épisode « psychotique ». Quelque chose venait de se déclencher dans son petit corps. Et plus rien ne serait pareil.

Nuit d’enfer

La nuit a été infernale avec le saccage de sa chambre. Tiroirs éventrés, meuble retourné, garde-robe vidé. Tous ses jouets et vêtements sont lancés sur le plancher, en hurlant et en rugissant. C’est pire que la première fois. Elle n’a pas dormi, et moi non plus. Je la surveille constamment avec une caméra sans fil installée quelques jours auparavant, ayant pressenti que quelque chose ne tournait pas rond. J’espérais qu’elle se calme et qu’elle puisse se reposer un peu. Mais c’était peine perdue.

Délirium

Le matin venu, je tente le même coup que la semaine précédente en l’amenant chez McDo pour déjeuner, puis chez Costco pour quelques emplettes. Un fiasco sur toute la ligne. Elle tente de lancer mon café placé sur la table du restaurant et m’arrache mes lunettes. Aussitôt son repas servi, elle le lance au bout de ses bras. Le regard accusateur des badauds m’indispose grandement.

Chez Costco, elle se tape la tête sur le mur de béton. Elle se jette par terre et lance tout ce qu’elle peut trouver. Elle frappe les gens qui passent à proximité de nous. En après-midi, je l’amène au parc à deux pas de notre résidence, mais elle se lance sur l’asphalte devant les automobiles en hurlant. Impossible de la relever, parce qu’elle se débat comme un diable. Une voiture s’arrête finalement, et baissant sa glace, la dame me dit « Mais n’est-ce pas la belle Gabrielle? Mon Dieu que lui arrive-t-il ? » La femme en question avait été bénévole à l’école de Gabrielle semblait bien la connaître. Elle m’aida à la faire monter dans son véhicule pour revenir à la maison.

18 heures de combat

Au retour à la maison, il apparaissait maintenant évident que j’avais besoin d’aide. Je ne pouvais la contenir seul, car malgré mon poids, ma grandeur et ma force supérieurs aux siens, elle était animée d’une rage qui nous était inconnue. Je fis donc appel à Anne, ma conjointe ainsi qu’à Antoine, mon fils, afin qu’ils prennent le relai, car j’étais exténué. La bataille dura jusqu’à tard dans la soirée de vendredi, jusqu’à ce qu’un consensus se fit entre mon fils, sa conjointe, médecin résidente et ma sœur Hélène, médecin au CSSS Nord de Lanaudière : il était maintenant impératif, et pressant, de la faire hospitaliser. Ma sœur me recommande l’hôpital de Joliette, où Gabrielle est suivie en neurologie pour son épilepsie. Le personnel du CSSSNL s’en occupera beaucoup mieux que nous, et nous pourrons nous reposer.

En effet, non seulement étions-nous à bout de souffle après un marathon de plusieurs nuits sans dormir et de journées exténuantes, Gabrielle représentait maintenant un grave danger pour sa propre sécurité, c’en était trop.

Pour couronner le tout, le lendemain, samedi 2 novembre, nous recevions 275 personnes à notre événement-bénéfice annuel, pour notre organisme Les Répits de Gaby. Il fallait absolument dormir.

Urgence et psychiatrie

Vendredi à 21 h, mon fils et sa conjointe, se rendent à l’urgence de Joliette et réussissent, après trois quarts d’heure d’attente au triage, à obtenir une chambre en observation à l’urgence. Violente envers elle-même et déconnectée de la réalité, on lui injecte différents sédatifs et calmants pour finalement tomber endormie, bien malgré elle.

Le lendemain, Gabrielle est plus calme, quoique toujours plutôt agitée. Très insistante, elle demande constamment de revenir à la maison, presque suppliante, et semble reprendre partiellement ses sens. Mais nous ne reconnaissons toujours pas la jeune femme enjouée, affectueuse et rieuse que nous côtoyons depuis 22 ans.

En début d’après-midi, samedi, elle est transférée en psychiatrie et mise sous observation 24 h/24 h. Une préposée est assise à ses côtés en tout temps pour veiller sur elle, la sécuriser et, sait-on jamais, pour l’empêcher de se refaire du mal si la tempête venait à reprendre.

Diagnostic

Le diagnostic : un délire qualifié de suicidaire, aussi appelé delirium ou Syndrome confusionnel aigu. Ce type d’état confusionnel peut se produire suite à un traumatisme, une opération ou un accouchement. Elle touche souvent les gens dont le cerveau est fragilisé (personnes âgées, épuisées, traumatisées). L’agressivité de la personne peut être dirigée contre elle-même: actes suicidaires, automutilations (comportement de destruction ou de dégradation de son propre corps).

Ce syndrome est analogue aux délires plutôt communs chez les personnes âgées qui, suite à un évènement tel qu’une hospitalisation ou une infection urinaire, sombrent dans un état aigu de désorientation qui affecte les trois sphères (la personne, le temps et le lieu). On retrouve des formes typiquement hypo- ou hyperactives, qui se caractérisent respectivement par une léthargie ou une agitation psychomotrice.

Le nid de coucou

Le département de psychiatrie est un monde singulier. Un garde de sécurité se tient devant la porte du département, que l’on ne peut d’ailleurs franchir que si on possède un code d’accès (sans quoi il faut appuyer sur une sonnette). À l’intérieur, des résidents marchent lentement tels des zombies. Aucune télévision ou lecteur DVD n’est autorisé, puisque ceux-ci n’ont pas nécessairement un impact très « thérapeutique » chez bien des patients de ce département. Le silence est omniprésent, presque oppressant. Tout objet possédant un cordon d’alimentation électrique (tel que la veilleuse que nous avions amenée pour Gabrielle) est proscrit ; même les assiettes et ustensiles sont faits de plastique en raison des risques inhérents aux patients suicidaires. Aucune demi-mesure n’est admise, et c’est bien comme ça : aux grands maux, les grands remèdes.

Mardi 5 novembre

Depuis 4 jours, elle dort presque 20 h par jour, et cela n’a rien de très surprenant : Gabrielle n’avait pas eu de nuit complète de repos depuis plusieurs semaines, sans compter l’impact non négligeable des médicaments qui lui ont été prescrits. Tranquillement le psychiatre diminue la dose et elle nous semble de plus en plus présente. Mais elle doit se reposer et guérir les plaies dont son corps et son cerveau ont été victimes ces derniers temps. Elle est calme, sereine et de semble ne plus avoir aucune obsession qui l’habite.

Tabula rasa

On nous dit qu’elle ne sortira pas avant plusieurs jours, est nous sommes tous convaincus que c’est pour le mieux. D’autant plus qu’elle a fait une nouvelle crise d’épilepsie dimanche soir. Ça donnera le temps à tout le monde de refaire le plein d’énergie, et nous aurons ainsi la certitude que son petit monde, tout comme le notre, pourront recommencer à tourner paisiblement.

Nous vous tiendrons au courant des progrès de notre belle Gabrielle.

desmet mireille novembre 5, 2013 à 18:27

je suis attristee d apprendre les gros soucis de sante de notre belle Gaby
je souhaite de tout coeur qu elle se remettra tres vite de ce facheux probleme et qu elle vous reviendra tres vite
je vous fait de tous gros bisous a toute la petite famille je pense beaucoup a vous. mireille

Véronique dufresne novembre 5, 2013 à 18:28

Que de l’espoir et de l’énergie je vous envoie! Gaby me manque… Il faut faire confiance en la vie ! Prenez soin de vous, surtout. À bientôt xxx

Camélie novembre 5, 2013 à 19:50

Bon courage à toute votre belle famille ! Votre histoire me touche et me désole énormément… J’attends avec impatience des nouvelles de la belle Gabrielle, en espérant que cette fois il n’y aura plus de retombées, et que des remontées ! xxxxxxx

Diane Lesage novembre 5, 2013 à 20:01

Je pense très fort à vous…

Marie-Ève novembre 5, 2013 à 20:24

Courage à vous tous, amours aussi. Je pense à vous et suis sûre que toute l’équipe de Joliette saura vous aider.

Mélanie Bernard novembre 5, 2013 à 21:02

De tout coeur en pensées avec vous pour que le soleil revienne! merci de nous tenir au courant!

Gabrielle Derocher novembre 5, 2013 à 21:24

Je souhaite qu’elle soit bien…

Martine Gauthier novembre 5, 2013 à 22:05

Je vous suis de loin…
Mes pensées pour Gaby et sa famille…

Martine

Marie-Michèle Côté novembre 5, 2013 à 22:34

Bon courage à toute la famille, toute l’équipe des Répits est avec vous. On pense à toi Gaby ! xxx

Lise Flageole novembre 6, 2013 à 00:33

Vous êtes dans mes prières. Votre patience et dévotion à tous font de vous une famille extraordinaire. Ne lâchez pas, on a besoin de plus de gens comme vous. Gabrielle vous reviendra et elle vous apportera beaucoup de nouvelles aventures.

Isabel novembre 6, 2013 à 00:34

Je suis de tout cœur avec vous,
j’aurais une pensée ce samedi et certainement des pensées. Votre épreuve est de tout cœur dans mon esprit. je vie présentement un deuil qui est pour nous, notre famille une délivrance. Je pense à vous et je me dit que mes petits problèmes ne sont rien comparé à ce que vous vivez. Je suis avec vous et j’essaye de vous envoyer de l’énergie. grosses bises à vous tous et surtout bon courage. chose que vous avez déjà depuis fort longtemps. xxxx

Elizabeth novembre 6, 2013 à 01:09

J’ai su en retard, je ne suis pas Facebook. Nous nous sommes vus samedi, je fus stupéfaite et encore une fois pleine de remords. De ne jamais être là pour Gaby, et pour vous. D’avoir une autre vie.
Pour la condition d’aujourd’hui de Gabrielle, outre un texto avec Anne ce matin, j’ai su par Émilie, venant de Marie-Ève… Si c’est ainsi qu’on se tient maintenant, ça y est.
Je vous embrasse.

Que Gaby soit bien.

Elizabeth

Diane et Carol novembre 6, 2013 à 14:15

Je suis avec vous en pensée. Je souhaite que vous puissiez trouver le temps de tous vous reposer et faire le plein d’énergie car de telles épreuves vous vident en un rien de temps en en plus, côté émotions, c’est la pagaille… A + et nous pouvons veiller sur le chalet si besoin est, juste à nous le faire savoir

Monique novembre 6, 2013 à 18:49

À vous deux, Anne et Benoît, je souhaite le courage et à Gabrielle, le rétablissement, avec des soins appropriés. Je pense beaucoup à vous en cette période extrêmement difficile. Il ne faut pas perdre espoir. Merci de nous tenir au courant. xxx

Monique Choquette novembre 6, 2013 à 18:52

À vous deux, je souhaite le courage et à Gabrielle, le rétablissement. Il ne faut pas perdre espoir. Je pense beaucoup à vous en cette période extrêmement difficile. xxx

Bernard Laporte novembre 7, 2013 à 15:12

Arielle m’a envoyée la mauvaise nouvelle via le Facebook de Laurence je pense. Nous sommes sincèrement avec vous et, Arielle et moi pensons à vous durant cette période difficile. Ayant travaillé 11 ans en psychiatrie, je comprends bien votre désarroi. La santé mentale est malheureusement tabou dans notre société et elle est aussi le parent pauvre de la recherche scientifique. La ligne est mince entre les gens dits normaux et ceux dits anormaux. À tout moment chacun de nous peut tomber malade et vivre ce que votre Gabrielle est entrain de vivre. Je souhaite ardemment que cette période soit le plus courte possible et que le train-train du quotidien revienne au plus vite pour vous tous. Avec amour Bernard

Catherine Gagnon novembre 8, 2013 à 22:08

J’espère que Gabrielle ira mieux sous peu. Au moins, ce séjour vous permettra à tous de faire le plein de sommeil. Gabrielle en aura besoin pour reprendre des forces et vous, pour être bien présents à son retour. Je pense à vous tous 😉

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